La Pride Radicale : une marche antiraciste et anti-impérialiste pour les droits des personnes migrantes
Crédit Photo : Raphael Renter
I 17.06.22 I CHIGUECKY NDENGILA
Tout comme la Pride des Banlieues dont nous vous parlions dans cet épisode, la Pride Radicale entend porter une voix nouvelle pour défendre les revendications de la communauté LGBTQIA+. Après une première édition réussie qui a réuni près de 30 000 personnes, la Marche des Fiertés Radicale reprend l’espace le 19 juin 2022, à Paris.
Une pride radicale pour les droits des personnes migrantes
Derrière la Pride Radicale, on retrouve plusieurs collectifs co-organisateurs comme Queer Racisé·e·s Autonomes, Décolonisons le féminisme, Nta Rajel, Militants pour l’Interdiction des Frontières (MIF), Maricolandia, et bien d’autres, tous mûs par l’envie de donner voix à des revendications constamment tues et noyées dans le flot des mouvements mainstream. Ces derniers peine à prendre sérieusement en compte les réalités des personnes queers, racisées et pour certain·es d’entre elles, immigrées, à l’intersection donc des oppressions de races, de classes et d’orientations sexuelles. Dans le contexte socio-politique actuel, axer cette marche autour du droit des personnes migrantes du monde entier, dont la dignité est régulièrement bafouée, semblait naturel et indispensable. Repolitiser la marche des fiertés en prenant notamment en compte le sort des sans-papiers, mais aussi des travailleur·euses du sexe et des victimes de violences policières permet de donner une alternative radicale et intersectionnelle à la pride de l’Inter-LGBT.
S’organiser pour éviter “la tokenisation de nos luttes”
Crédit Photo : @math_explores
L’organisation d’un tel événement est loin d’être de tout repos, d’autant plus que la marche de l’année précédente a été organisée en un temps record (cinq à six semaines). Cible d’une campagne de diffamation et d’infantilisation (comme si les personnes concernées n’étaient pas en mesure d’être entièrement actrices de leur propre lutte), la Pride Radicale a malgré tout réussi à fédérer une équipe soudée qui a su concrétiser sa vision d’une marche qui porte haut et fort ses valeurs, malgré des difficultés physiques et émotionnelles, trop souvent répandues dans les cercles militants.
La marche reste un outil de lutte d’autant plus important que les identités queers racisées minorisées ne sont pas acceptées dans l’espace publique.
“Pouvoir marcher dans les rues de Paris, se les approprier, prendre de la place, exister, c‘est important pour nous.”
Des moments historiques comme la Pride Radicale sont l’occasion d’imposer ces voix et ces luttes dans un espace public réservé à une minorité privilégiée. Marcher c’est créer un lieu de revendications mais aussi un lieu de joie, indispensable pour des communautés au sein desquelles la mort est omniprésente, qu’elle se manifeste sous la forme d’assassinats, de suicides, de décès et/ou de maladies, surreprésentés dans la communauté LGBTQIA+ racisée.
Crédit Photo : Jan Malaise @parislovetrash
Lutter, s’organiser et prendre l’espace dont elles sont injustement privées est souvent une question de survie pour des personnes qui n’ont ni accès aux ressources, ni aux soutiens et aux espaces qui leur permettraient d’être outillées face aux discriminations qu’elles subissent. “Comment, par exemple, penser le parcours de transition des personnes racisées, si elles n’ont pas accès à toutes les ressources ? À tous les espaces ?” Les structures de soutien quand elles existent mériteraient d’être adaptées pour apporter une aide appropriée et effective. “Quand on est racisé·es, quand on n’a pas de papier, la sécurité n’est pas toujours assurée, les contenus de formation ne sont pas adaptés.”
C’est par la prise en compte de toutes ces considérations que la Pride Radicale permet aux personnes concernées d’être enfin des actrices politiques des sujets qui les concernent. Et cela ne peut se faire que dans une radicalité décomplexée.
RDV le dimanche 19 juin pour une marche antiraciste et anti-impérialiste pour le droit des personnes migrantes. Et pour soutenir la Pride Radicale, ça se passe ici.