ENTRE VOUS ET MOI
Aimer nos cheveux lorsqu’ils sont différents des autres
Crédit photo: Cortney White
I 21.04.24 I Adoptée Anxieuse
Pour mettre un peu de contexte, je suis née au Brésil et je suis adoptée. J’ai toujours été entourée de blanc·hes et j’ai toujours voulu avoir leurs coiffures. Ce que je désirais avant tout derrière ça, c ‘était d’être acceptée. J’ai longtemps voulu avoir les cheveux lisses comme mes copines lorsque j’étais enfant. Mes parents ont toujours trouvé mes cheveux magnifiques, mais je ne voyais pas du tout de la même façon.
Petite, ma mère faisait appel à une coiffeuse afrodescendante pour mes coiffures, tout ce dont je me rappelle, c’est que je pleurais à chaque intervention. J’ai toujours été extrêmement sensible à ce niveau, me coiffer me faisait mal. J’utilisais les produits de grandes surfaces absolument pas adaptés à mes cheveux… Je me disais naïvement que c’était fait pour moi, car il y avait écrit “Pour cheveux bouclés”…
Adolescente, j’enviais mes amies aux cheveux lisses, aux coiffures magnifiques, qu’elles pouvaient reproduire sans problème des photos Instagram et Pinterest. Puis l’idée du défrisage m’est apparue (et quelle idée!!). Brésilien puis coréen, autant vous dire que mes cheveux ont bien subi à cette période. Pourtant, je ne me sentais pas moi-même. Il me manquait quelque chose.
Ce n’est qu’au lycée que je me suis faite des braids pour la première fois, j’ai adoré, même si j’avais l’impression de voler la culture d’autrui (sentiment clairement étrange). Je n’arrive pas beaucoup à expliquer ce sentiment à vrai dire. On ne m’a pas appris à aimer mes cheveux, à les coiffer, à les entretenir comme je le fais aujourd’hui. Ne me considérant pas comme brésilienne, ni de la communauté noire au sens large, utiliser ces coiffures me donnait ce sentiment de vol.
Un ami m’a toujours recommandé des personnalités afro-descendantes sur Instagram , que ce soit pour la coiffure, la nourriture brésilienne ainsi que la littérature. Il m’a aidé à reprendre mes marques avec mes origines. En m’envoyant des femmes noires assumer leurs cheveux ou juste lorsque je voulais tester des coiffures, il m’encourageait. J’avais enfin quelqu’un avec qui parler de ces sujets que je n’avais toujours pas exploré. C’est également lui qui m’a fait découvrir Bissai Média (ayez un Pitchoun dans votre vie !!)
Aujourd’hui j’ai 26 ans et j’ai découvert un livre que j’aurais aimé lire petite “Un million de papillons noirs” de Laura Nsafou. L’histoire d’une petite fille qui apprend à aimer ses cheveux grâce à sa maman. Ça a été un baume au cœur pour moi et je vois à quel point il est nécessaire d’avoir encore plus de représentation dans la littérature, dans le cinéma, de personne qui nous ressemble. Même si au moment de la lecture, j’étais beaucoup plus alignée avec moi-même, j’ai tout de même été touchée et reconnaissante d’avoir eu ce bijou entre les mains. Mon parcours avec mes cheveux a été pour le moins étonnant, mais je suis aujourd’hui fière de les porter !
Prenez soin de vous 🤍
Sur le même sujet, l’article de Mona Koyamba, Avoir des cheveux crépus en 2023, ou comment se reconnecter avec son identité capillaire
D’AUTRES TÉMOIGNAGES QUI POURRAIENT VOUS PLAIRE
Que reste-t-il à transmettre à ses enfants quand on a immigré avant de devenir un·e adulte ?
ENTRE VOUS ET MOI Que reste-t-il à transmettre à ses enfants quand on a immigré avant de devenir un·e adulte ? Crédit photo: Gil RibeiroI 15.10.23 I Luana Paulineau Lorsqu'on a des parents qui ont quitté leur pays d'origine à un jeune âge, il peut parfois être...
La dépression, un truc de babtou fragile ?
Entre vous et moi – newsletter Bissai mai 2023