Lingala Lessons, le programme d’apprentissage pour apprendre le Lingala et la culture congolaise

Crédit image : https://lingalalessons.systeme.io/

I 07.10.22 I CHIGUECKY NDENGILA

On peut connaître une langue, mais la transmettre, c’est autre chose” souligne Melissa Ntumba-Mukendi, fondatrice de Lingala Lessons, un programme d’apprentissage du Lingala et de la culture congolaise. La transmission de la langue d’origine des parents immigrés vers leur descendance est un enjeu qui en dit long sur les injonctions à l’assimilation et le défi de transmettre sa culture loin de son pays. Avec Lingala Lessons, Melissa apporte, à son échelle, un début de réponse à ce défi majeur.

Lingala Lessons, un programme qui mêle apprentissage de la langue et de la culture congolaise

 

Lingala Lessons

Crédit image : https://lingalalessons.systeme.io/

Lingala Lessons est un programme d’apprentissage en ligne du Lingala, une langue congolaise parlée par 25 à 30 millions de personnes dans le monde.  Chaque semaine, l’élève a accès à un cours parmi les vingt modules qui constituent le programme. Les leçons s’articulent autour d’un thème décliné en exercices de grammaire et de conjugaison et du vocabulaire. Le programme propose aussi du contenu référencé sur la culture congolaise, confortant la dimension culturelle de la langue. 

Un suivi plus personnalisé est aussi possible et inclus dans le programme. Il suffit de réserver un créneau avec Melissa. Ce suivi apporte une dimension très pratique à la formation. Les élèves sont obligés de parler en Lingala au lieu d’être dans une position passive que l’on retrouve souvent dans les cours de langues en France.



Une formation accessible à tous·tes

Melissa commence à donner ses premiers cours particuliers de Lingala dès 2013. L’accumulation des demandes démontre un réel besoin d’avoir un espace en dehors du cercle familial pour apprendre le Lingala. C’est pour répondre à ce besoin croissant que Melissa décide en 2021 de dématérialiser sa formation et crée Lingala Lessons. 

Son public est varié. On y trouve de jeunes Congolais·es qui n’ont pas eu la possibilité d’apprendre la langue de leurs aîné·es. Il y a aussi des personnes non-Congolaises en couple avec des Congolais·es qui veulent apprendre la langue et la culture de leur partenaire. D’autres souhaitent investir, voire s’installer au pays. Bref, un public varié et international qui apprécie autant la pédagogie des cours que les bonus culturels.

“À la maison, on n’avait pas le droit de parler français”

On observe un regain d’intérêt des enfants d’immigré·es vis-à-vis de leur langue d’origine. Ce n’est pas anodin, car qu’elle soit parlée ou non, la langue d’origine a pu être perçue par toute une génération comme quelque chose à cacher. “À l’époque, tout le monde disait qu’il ne fallait pas apprendre la langue d’origine aux enfants sinon, ils n’allaient pas bien apprendre le français”. Ce “tout le monde”, c’est les écoles, les institutions publiques, mais aussi les proches qui ont intégré cette idée fausse qui a impacté de nombreuses familles au sein desquelles la transmission de la langue n’a pas été faite. Heureusement pour Melissa, son père a fait de la résistance. “Mon père s’est dit, il n’y a que moi qui peut leur apprendre la langue, donc il nous l’imposait. À la maison, on n’avait pas le droit de parler français.”

Parler le Lingala n’a pas toujours été quelque chose de positif, d’agréable et de naturel pour Melissa.“Je le voyais pas comme quelque chose de plaisant parce que c’était une obligation de le parler et à cela s’ajoutait le fait que que ma génération était  marquée par un regard négatif sur l’Afrique du fait des médias”. La mise en avant de cette langue notamment grâce au rayonnement de la musique congolaise a participé à son changement de regard sur cet héritage. “Ça a commencé par une obligation, mais j’ai continué de parler Lingala parce que j’ai kiffé les films cinématographiques congolais appelés plus communément « Le Théâtre de chez nous” et la musique. C’est devenu quelque chose de beau.” Cette beauté, elle la met désormais à disposition de toutes les personnes qui suivent les cours de Lingala Lessons. 

Transmettre sa langue, un devoir ?

Pour Melissa, jeune maman qui réalise sa responsabilité vis-à-vis de sa fille, c’est bien d’un devoir dont il s’agit. “Autant mon père avait conscience de l’enjeu de la transmission de la langue, mais il avait une culture moins métissée que la mienne. Ça rajoute une difficulté supplémentaire, car ce que je vais transmettre à ma fille est dilué. Il faut que je lui transmette la langue parce qu’après mon père, il n’y aura plus personne pour la lui transmettre. Nous qui connaissons la langue, on est doublement responsable. On a un devoir moral de la transmettre à nos enfants.”

Crédit photo : Franck McKenna

C’est cette prise de conscience qui pousse de plus en plus d’adultes à se lancer dans l’apprentissage parfois difficile de leur langue d’origine. “Aux adultes qui souhaiteraient apprendre leur langue d’origine, je leur conseillerais de réellement questionner le pourquoi de leur démarche pour saisir leur motivation personnelle. Apprendre une langue à l’âge adulte, ça demande plus d’effort. Il faut une sur-motivation. C’est pour ça que je leur demande systématiquement pourquoi vous voulez apprendre aujourd’hui, pourquoi pas hier ou demain ? C’est cette sur-motivation qui va les aider à dépasser les freins, les chaînes qui les enferment.” Et bien sûr, toujours garder en tête qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre. C’est la motivation et le travail personnel qui font toute la différence.”

Il n’est pas trop tard pour apprendre le Lingala avec Lingala Lessons. RDV ici pour vous lancer ! Vous pouvez retrouver Lingala Lessons sur Instagram, Facebook et TikTok. Et pour poursuivre la réflexion sur nos langues d’origine, (re)découvrez notre double épisode, Nos langues d’origine sont légitimes en collaboration avec le podcast À l’intersection.